Votre dernier album studio " Back From The
Dead " est sorti en 1997, alors qu'avez vous fait depuis, musicalement parlant ?
On a fait pas mal de choses ici et là, malheureusement pas avec Obituary. Après
les tournées américaine et européenne, on est rentré chez nous. Depuis deux ans, tout
le monde est très pris par son quotidien, son boulot, sa carrière... Si bien qu'on a
écarté Obituary de nos priorités. En ce qui me concerne, j'ai quelques projets en
cours, et puis je donne un coup de main à quelques amis.Peux tu
nous en dire un peu plus sur tes " projets ", s'agit-il de projets parallèles ?
Oui, actuellement je travaille sur l'album d'un type qui vient de signer sur
Island/ Def Jam. Ca s'appelle Andrew WK, c'est son nom. C'est bien, c'est la rencontre du
rock et du métal, ce n'est pas du death-métal. C'est quelque chose de très métal/ hard
core/ rock...
Et comment as-tu rencontré ce Andrew WK ?
C'est un vieux fan d'Obituary, et il voulait que je soit son batteur. C'est son
projet personnel, mais quand ils lui ont demandé de monter un groupe, il a leur a dit que
le batteur d'Obituary était son batteur préféré! Il m'ont contacté, et quand j'ai
écouté la démo, bien sûr j'ai dit oui. J'aime tous les styles de musique, et je trouve
que c'est nouveau, avec un son original.
Et quels sont les projets des autres membres du groupe ?
Chacun a ses propres activités. Trevor travaille sur un projet qui s'appelle
Catastrophic. Pour Allan, c'est the (Law Broad) Project. Frank a déménagé à Miami, il
travaille également sur un projet. Comme tu peux le voir, tout le monde a ses petits
projets musicaux.
Et est-ce que vous envisagez de sortir un nouvel album d'Obituary
?
A vrai dire, on n'y a même pas songé. Comme je l'ai dit, on est tous partis dans
des directions différentes. C'est difficile. Je pense que pour le moment, Obituary est
dans une période de " retraite ". Je ne sais pas trop quoi dire, je ne sais pas
comment vont évoluer les choses.
Pour le moment vous ne savez pas quel sera l'avenir du groupe ?
Effectivement, en ce qui concerne l'avenir du groupe, je n'en sais rien, c'est le
trou noir.
Venons-en à votre 'Anthology', un best of sur lequel on trouve
quelques bonus tracks. Il y a deux ans vous avez sorti un album live, alors pourquoi
sortir cette 'Anthology' aujourd'hui ?
Pour tout dire, c'est Roadrunner qui a décidé de sortir cet Anthology. Le groupe n'y
tenait pas trop. Voyant qu'ils ne vendaient pas assez de disques, ils voulaient mettre
quelque chose de nouveau sur le marché. Ils l'auraient sorti que je le veuille ou non.
C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à y mettre des bonus tracks, pour que les gens
achètent quelque chose d'un peu plus intéressant.
Toujours concernant cet 'Anthology', tu as choisi personnellement
les titres qui y figurent ?
Oui, je m'en suis chargé. On ne tenait pas tellement à sortir cet album, alors on
s'est dit : "Pourquoi veulent-ils sortir un best of d'Obituary maintenant ?".
C'est comme s'ils nous considéraient comme morts, qu'on le soit ou pas. lis l'auraient
sorti qu'on le veuille ou non. Alors quitte à le sortir, autant faire en sorte que les
kids achètent quelque chose de bien. J'ai choisi les titres et je les ai compilés de
façon chronologique, de la démo des Xecutioners à Back From The Dead. Et bien
sûr il y a des bonus tracks.
Concernant la carrière d'Obituary, peut-on dire qu'Obituary est
né avec le death métal, ou que le death est né avec Obituary ?
Je crois qu'on était là au tout début. Le death-métal est né avant Obituary.
Mais si on considère l'époque où l'on s'appelait encore The Xecutioners, quand on
était une bande d'ados au lycée, je pense qu'on est nés en même temps. Qui vient le
premier ? L'oeuf ou la poule ? Je pense qu'Obituary était la poule et que le death-métal
était I'uf.
A propos de l'imagerie d'Obituary, les tombes et les zombies,
vous n'avez jamais utilisé les mêmes "clichés" que les autres groupes du
genre, le satanisme par exemple. C'est par choix ?
Je ne peux pas parler pour les autres groupes, mais pour le mien. Avec Obituary, on a
toujours été originaux dans nos idées, on ne s'est jamais arrêté sur ce que les
autres groupes ou les gens faisaient. On ne s'est jamais intéressé qu'à nous, pour
garder quelque chose d'unique, c'est ce qui explique l'originalité de nos thèmes et de
notre musique.
Et comment expliques-tu qu'avec Deicide, Obituary soit l'un des
vétérans du death métal sur Roadrunner ?
Là encore, je n'en sais trop rien. Obituary a toujours entretenu une relation
d'amour et de haine avec son label. On a vendu beaucoup de disques pour eux et à cause de
cela, je pense qu'ils ont eu un peu tendance à nous ignorer. Nous connaissant, ils
savaient combien de disques on allait vendre. Mais leur manque de support et de soutien,
en particulier de la part de Roadrunner US, nous a blessé. C'est ce qui a entraîné
notre perte.
Obituary est bien plus connu pour sa musique et l'énergie qui
s'en dégage que pour ses textes, ça vous ennuie ?
Non, ça ne m'ennuie pas, en fait j'en suis plutôt fier. C'est bien de savoir
écrire des textes, d'arriver avec de bonnes histoires à raconter. Mais on savait que mon
frère avait la chance d'avoir cette voix, alors pourquoi raconter des banalités, des
histoires de religion ou de croyances. C'est lentement entré dans le fonctionnement du
groupe. On savait qu'on tenait quelque chose de bien, et je crois que les fans et les kids
comprenaient bien d'où l'on venait, même s'il n'y avait pas de textes engagés.
Quel est ton avis sur le black-métal, penses-tu que le black
soit plus extrême que le death dans les années 80 ? Peut-on dire que le black a
détrôné le death ?
Non, je pense que personne ne peut s'avancer à dire que c'est plus extrême. C'est
juste une façon de mettre les choses dans des catégories. On a connu une époque où
l'on s'intéressait avant tout à la musique, et pas à ce que les gens disaient,
portaient. Et s'il y a un groupe de black-métal capable de détrôner Obituary,
j'aimerais bien le connaître !
Peux-tu nous dire quelques mots sur la Floride, qui est
considéré comme le berceau du death-métal ?
Oui, c'est dommage, parce que cela touche tous les Etats-Unis. Je pense que les
kids y prêtent plus d'attention aujourd'hui qu'au début des années 90. Maintenant il y
a des tonnes de groupes que les kids considèrent comme des groupes de heavy métal ou de
métal, mais les fans de hip hop écoutent aussi ces groupes. On s'attarde sur Papa Roach
ou Limp Bizkit, toute cette merde... Mais il y a tellement de façons d'écrire la musique
aujourd'hui pour que les gens s'intéressent un peu plus à l'underground. Les gens se
laissent facilement envahir. C'est le problème de toute cette industrie.
Concernant la production de vos albums, vous aviez l'habitude de
travailler avec Scott Burns du studio Morrisound, mais pour Back From The Dead, vous
avez choisi Jamie Locke connu pour son travail avec des groupes de hardcore comme Madball.
Pourquoi ce changement ?
C'est pour la même raison qu'on a changé de studio au même moment. On aime beaucoup ce
que l'on a fait au studio Morrisound, c'est là qu'on a on a jeté les bases du death
métal. Avec notre groupe, on voulait changer de scène, faire quelque chose qu'on n'avait
jamais fait, changer de ville, de studio, et de producteur pour une fois. Scott Burns est
un dieu, pour ce qu'il a fait au début des années 90. Prendre Jamie Locke, c'était une
manière pour nous de changer, d'essayer un nouveau studio avec quelqu'un de nouveau.
A propos des tournées d'Obituary, quels souvenirs garderez-vous
de votre dernière tournée en France et en Europe ?
On a tellement tourné en Europe qu'il m'est difficile de me souvenir de quelle
tournée il s'agit, de quel concert, de quel club... Mais je sais que le public français
nous a toujours soutenus, et nous lui sommes très reconnaissant. J'espère qu'un jour on
sortira un nouvel album, qu'on viendra jouer en Europe, et qu'on en donnera encore plus
aux kids, parce qu'on leur manque, autant qu'ils nous manquent.
Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter pour cette nouvelle année
?
Pour cette nouvelle année, je vais me mettre à travailler sur mon projet
personnel, un projet que j'aurais déjà dû mettre en route l'année dernière : The
Tardy Brothers Project. On n'a pas de contrainte de temps, ça sortira quand ça sortira.
Pour le moment, je commence à rassembler des idées, des rifts, des rythmiques, des
samples, un peu tout ce que je touche en somme. Pour ça j'espère collaborer avec mon
frère pour faire sortir mes idées.
Est-ce que tu travailles avec des machines, vu que tu parles de
samples ?
J'ai un sampler, une Analysis Drum Machine, je travaille souvent avec de
l'électronique, mais ce sera surtout un projet plein de percussions, avec des guitares
très crunchy, qui n'auront pas grand chose à voir avec les chansons. Plutôt quelque
chose de tribal, avec des toms et des sons un peu dingues. C'est un projet, je ne veux pas
d'un album avec 10 titres, mais quelque chose qui dure 30 minutes environ, une sorte de
projet mystérieux...
Quelque chose à rajouter ?
Au revoir... |